Le changement climatique n'est plus une menace lointaine, mais bel et bien une réalité qui affecte qui affecte les agriculteurs et tout particulièrement nos agriculteurs français.. Mais alors à quoi font-ils face et comment cohabiter avec ce dernier, tout en protégeant leurs récoltes ? Découvrons cela ensemble.
Un climat plus… capricieux.
Y'a plus d'saisons !
Même si nous pouvons avoir l’impression que le printemps 2024 a davantage eu des allures d’hiver, l'Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique (ONERC) a publié des chiffres prouvant le contraire : +1,5°C en moyenne ont été observés en France métropolitaine depuis 1900.
Source : Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique – ONERC
Ces sécheresses prolongées suivies d'épisodes de pluies intenses et d'inondations, rendent alors la gestion des cultures extrêmement difficile.
“Mais, des sécheresses et des inondations… C’est assez contradictoire, non ?”
Eh oui, Jamy ! Un paradoxe engendré par le fait que l'augmentation des températures entraîne une évaporation plus importante de l'eau des sols et des cours d'eau, ce qui, lorsqu'elle est suivie de fortes pluies, provoque des inondations soudaines et dévastatrices.
L'impact sur les récoltes
Selon la FNSEA, la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles, la sécheresse de 2019 a causé une perte de 30 % des récoltes de blé en Île-de-France. Les vignobles ne sont pas épargnés non plus, avec des vendanges avancées et des rendements en baisse.
En plus de la sécheresse, la grêle a également fait des ravages, comme en témoignent les épisodes de grêle en 2021 qui ont dévasté des milliers d'hectares de vignes et de vergers, causant des pertes estimées à plusieurs millions d'euros. Les inondations, quant à elles, emportent les sols arables et les nutriments, laissant derrière elles des terres appauvries et difficiles à cultiver.
La dégradation des sols
Les conditions climatiques extrêmes accélèrent la dégradation des sols. Les sécheresses prolongées réduisent la couverture végétale, rendant les sols plus vulnérables à l'érosion. Les fortes pluies et les inondations lavent les nutriments du sol et provoquent des glissements de terrain, réduisant ainsi la fertilité des terres agricoles. Selon l'INRAE, près de 25 % des sols agricoles français sont déjà affectés par l'érosion, ce qui compromet leur productivité à long terme.
Se renouveler pour avancer
Loin d’eux l’idée de se laisser abattre, nos agriculteurs ont dû trouver des solutions afin de sauver leurs productions, mais quelles sont-elles ?
L'irrigation intelligente
Pour lutter contre la sécheresse, certains agriculteurs adoptent des systèmes d'irrigation goutte-à-goutte, contrôlés par des capteurs d'humidité du sol. C’est une technologie à laquelle Jérôme, producteur de melons, a décidé d’avoir recours afin de mieux maîtriser sa consommation d’eau.
Ndlr : Il est pas beau notre Jérôme avec ces mini melons ?
Il nous a cependant expliqué que cette initiative avait demandé des mois de rodage et de test pour comprendre les variations d’humidité du sol. L’objectif ? Savoir de quelle quantité ces produits avaient besoin pour être qualitatifs et ne pas souffrir de stress hydrique (1).
Une innovation permettant de réduire la consommation d'eau tout en assurant une hydratation optimale des cultures (comme nous quand on met de la crème hydratante quand notre peau tiraille finalement).
Une belle économie pour les porte-monnaie et pour la planète !
La diversification des cultures
Adieu les monocultures et bonjour la nouveauté ! Les conditions climatiques n’étant plus toujours optimales, on commence de plus en plus à observer des agriculteurs qui commencent à diversifier leurs plantations pour être moins vulnérables aux aléas climatiques.
Parmi ces dernières, des cultures plus résistantes, comme le sorgho (2) ou le quinoa, font leur apparition dans les champs français. Une petite révolution qui permet de préserver les sols et de stabiliser les revenus.
Les serres et les filets
Face aux caprices météorologiques, les serres offrent une protection efficace. En contrôlant température et humidité, elles permettent de cultiver toute l'année. Cependant, nous vous expliquions précédemment, il en existe différents types et toutes ne semblent pas compatibles avec l’Agriculture Biologique de par leur empreinte carbone (les serres chauffées notamment).
Ajouté à cela, d’autres alternatives de protection ne nécessitant aucune source d'énergie existent, Mesdames et Messieurs, nous vous parlons des… filets !
Filet anti-oiseaux, filet brise-vent, filet d'ombrage... Il y en a pour tous les goûts et surtout, pour toutes les utilités ! Ces derniers offrent globalement de nombreux avantages, comme :
- Un protection contre les dégâts causés par le vent
- Une augmentation naturelle de la température
- Une protection contre les ravageurs
- Une barrière contre la grêle
Mais malheureusement, si la météo était la seule conséquence de ce dérèglement climatique, ce serait bien trop facile, pas vrai ?
La menace invisible des parasites
Qui dit dérèglement climatique, dit prolifération de nouvelles espèces et autant vous dire que les scientifiques n’ont pas constaté une recrudescence d’ours polaires, mais plutôt d’espèces invasives.
Et si la petite bête menaçait la grosse ?
Une prolifération de maladies et de ravageurs
Les changements climatiques auxquels nous sommes confrontés favorisent la prolifération de maladies végétales et animales. Quoi de plus parlant que de vous parler du célèbre mildiou (et non la célèbre marque de Lessive Minidou), dont vous avez déjà sûrement entendu le délicat nom ?
La vigne est particulièrement vulnérable au mildiou, mais aussi à l'oïdium (3), deux champignons dont la prolifération est encouragée par des températures plus élevées et une humidité accrue.
En 2021, ces maladies ont réduit de 25 % les rendements en Champagne selon le CIVC.
Des petites bêtes dont on se passerait volontiers
Dans notre article précédent, nous vous parlions des pollinisateurs (4), ces insectes dont le travail est crucial, mais dont le nombre chute de jour en jour.
Néanmoins, des insectes nuisibles, tels que la pyrale du maïs et la mouche de l'olivier, se multiplient quant à eux sous l'effet du dérèglement climatique.
Source : Agri Find - Pyrale du maïs
Ces ravageurs (5) autrefois confinés au sud de la France remontent progressivement vers le nord, menaçant alors les cultures de maïs des régions autrefois épargnées.
La lutte contre ces nuisibles nécessite de nouvelles stratégies, bien souvent astucieuses et moins coûteuses que l’utilisation de pesticides.
La nature comme meilleur allié
C’est d’ailleurs ce que nous avons pu constater lors d’une visite chez nos producteurs dans le Gard, lorsque Jean-Marc nous a parlé de la “mineuse de la tomate” qui ravage ces plans. Ce papillon de nuit pond ses œufs qui vont venir, au stade de chenille, creuser des galeries dans les feuilles et les fruits. Mais c’est sans compter sur l’aide des macrolophus, une petite punaise prédatrice bien utile.
C’est ce que l’on va appeler la lutte biologique : une pratique dont le but n’est pas d’éradiquer les ravageurs, mais de les réguler, en travaillant de paire avec des auxiliaires.
Parmi ces auxiliaires, on peut citer 3 catégories différentes :
- Les prédateurs : des larves ou d’adultes qui viennent se nourrir des ravageurs (ex : la coccinelle qui mange les pucerons sur vos rosiers).
- Les parasitoïdes : des auxiliaires qui vont venir pondre dans les œufs ou dans les larves des ravageurs, entraînant ainsi leur mort.
- Les pathogènes : des virus ou bactéries qui vont contaminer les ravageurs.
Sachet d’acariens Neoseiulus californicus prédateur de l'acarien rouge des serres et de l'acarien rouge des fruits.
C’est un choix qu’a également fait Bertrand, arboriculteur à Bellegarde, en introduisant des colonies de chauves-souris dont le goûter préféré n’est autre que les carpocapses (6), un papillon de nuit dont la larve décime les pommiers. Une méthode qu’il avait déjà auparavant testé avec des faucons qui venaient réguler les dégâts des campagnols sur les racines de ces arbres.
Le changement climatique pose des défis majeurs aux agriculteurs français, mais ces derniers montrent une résilience et une capacité d'adaptation impressionnantes. Grâce à l'innovation, la diversification des cultures et la coopération, ils trouvent des solutions pour pérenniser leurs exploitations.
Le Bono lexique 📚
- (1) Stress hydrique : lorsque la transpiration végétale d'une plante est supérieure à son absorption d'eau, elle se retrouve en situation de stress hydrique.
- (2) Sorgho : plante "graminée", originellement cultivée dans les régions chaudes pouvant servir à l'alimentation animale ou humaine ou pour fabriquer divers objets.
- (3) Oïdium : maladie touchant principalement de la vigne causée par un champignon et donnant un aspect grisâtre ou blanchâtre aux feuilles (comme de la moisissure).
- (4) Pollinisateurs : insectes qui assurent le transport du pollen.
- (5) Ravageurs : espèces qui, lorsqu'elles sont trop nombreuses, peuvent nuire à certaines cultures, plantes, arbres...
- (6) Carpocapse : petit papillon dont la chenille se développe dans les fruits.
Pour aller plus loin 💡
- Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique (ONERC)
- FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles)
- Chambre d'Agriculture de France
- Institut National de la Recherche Agronomique (INRAE)
- Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
- Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation (France)
- France AgriMer
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