Rémunération des producteurs : c’est quoi le problème ?
Depuis des années, les agriculteurs français tirent la sonnette d’alarme : ils ne gagnent tout simplement pas assez pour vivre correctement. Alors que la 58ème édition du salon de l’agriculture approche, on fait le point sur la rémunération des producteurs, ce qui pose problème et comment nous, consommateurs, pouvons y remédier !
SOS, agriculteurs en détresse ?
Les producteurs sont essentiels à notre quotidien : sans eux, pas de fruits, de légumes, de céréales, de viande ou de produits laitiers dans les rayons de nos supermarchés. Et pourtant, de nombreux agriculteurs peinent à se dégager un salaire tous les mois : selon la MSA (la Mutuelle Sociale Agricole), près de 150 000 d’entre eux vivent même sous le seuil de pauvreté, fixé à 846 € par mois. Mais alors, pourquoi ? Vaste question ! Asseyez-vous confortablement, on va essayer d’y répondre ensemble.
Le problème le plus épineux, ce sont les négociations entre les producteurs d’un côté, et les transformateurs qui leur achètent leur matière première et la grande distribution de l’autre (source). Pour augmenter leurs marges, les industriels négocient de plus en plus le prix auquel ils achètent leurs produits aux agriculteurs, si bien que, dans de nombreux cas, les coûts de production de ces derniers ne sont pas couverts. Dans cette situation, impossible pour les producteurs de se dégager un revenu correct !
La concurrence étrangère est également féroce. Et bien qu’ils viennent de l’autre côté de la planète, ces fruits et légumes produits à l’étranger sont souvent moins chers à l’achat pour les industriels, parce que les normes de production et le calibrage à respecter ne sont pas les mêmes qu’en France : ces producteurs ayant souvent moins de contraintes (et des salaires généralement plus bas), ils peuvent proposer des prix plus attractifs.
Résultat ? Alors que ces légumes poussent très bien en France, on retrouve dans nos étals des patates douces venues tout droit d’Afrique du Sud, des tomates et courgettes importées de Belgique ou d’Espagne, et des champignons de Paris qui sont tout sauf parisiens.
Un dernier fun fact (pas si fun) pour la route ? Près de 74 % du raisin de table serait également importé, un comble pour le pays du vin ! Pour rappel, la France compte plus de 3000 producteurs et 7000 hectares dédiés uniquement à la production de raisin de table... C’est à en perdre la raison 🍇.
Des difficultés encore plus fortes dans certaines filières
Le monde agricole dans sa globalité fait face à de fortes difficultés concernant la rémunération de ses producteurs, mais certaines filières sont plus affectées que d’autres.
Pour les éleveurs de vaches laitières, de volailles ou de porcs, les revenus agricoles sont un peu plus élevés que la moyenne, sans pour autant atteindre des sommes astronomiques. Selon une étude de l’Insee datant d’octobre 2021, les producteurs laitiers se dégageraient un revenu annuel d’environ 17 000 €. On est donc loin de l’opulence...
Dans l’élevage bovin en revanche, le constat est sans appel : l’investissement et les astreintes du quotidien sont bien loin d’être compensés par la rémunération touchée par les éleveurs. En moyenne, leur revenu annuel ne dépasse pas les 11 340 €, soit 945 € par mois !
Et s’ils s’en sortent un peu mieux côté rémunération avec un revenu annuel moyen de 13 100 €, les producteurs de fruits, légumes, céréales, oléagineuses et les horticulteurs doivent composer avec une autre contrainte de taille : ils sont en grande partie tributaires de la météo et des aléas climatiques.
En cas de sécheresse ou d’inondation, ou simplement si les conditions climatiques ne sont pas bonnes, les récoltes seront mauvaises. Et qui dit mauvaise récolte, dit moins de produits à vendre, et donc une rémunération plus fluctuante !
Concrètement, comment peut-on agir ?
Après le bilan mitigé de la loi Alimentation « Egalim » de 2018, le gouvernement remet le couvert avec… la loi Egalim 2 ! Son objectif principal ? Remettre les producteurs au centre des négociations, et leur redonner du pouvoir face aux transformateurs et distributeurs. L’idée est simple : recomposer le prix des produits en fonction du coût des matières premières agricoles, et rendre ce dernier non négociable.
D’ailleurs, big-up à La Marque du Consommateur, qui n’a pas attendu et se bat depuis 2016 pour garantir une rémunération juste à ses producteurs partenaires. Leur lait « C’est qui le patron ? » est devenu le lait le plus vendu en France en 2021 !
Une autre piste importante avancée par une récente étude de l’ADEME : réduire la part de production gaspillée, que ce soit à cause d’un mauvais stockage, d’une récolte trop abondante pour les besoins du marché ou des normes trop strictes imposées par la grande distribution.
Un début de solution ? Casser ces normes 😉. C’est pourquoi chaque semaine, notre équipe fait le point avec nos agriculteurs partenaires pour acheter leur surplus de production ou les produits trop biscornus pour être vendus en grandes surfaces ou en magasin bio. C’est un revenu en plus pour eux, et du gaspillage en moins pour la planète.
Parce qu’une tomate moche, un chou-fleur peu trop petit ou une carotte irrégulière restent de super légumes (la tomate est un fruit, je sais, mais vous avez compris le principe), ils seront toujours les stars de nos paniers !
En tant que consommateurs, il est également possible d’agir directement pour une rémunération plus juste de nos producteurs en privilégiant les circuits courts. En rejoignant une AMAP par exemple, ou en allant chercher directement nos produits à la ferme quand c’est possible, nous réduisons les intermédiaires, et donc les coûts pour les agriculteurs.
En résumé, chaussez vos bottes et attrapez vos paniers : direction la ferme du coin ! Et si vous êtes plutôt métro-boulot-dodo, chez Bene Bono on se charge de vous composer des paniers sauvés du gaspi aux petits oignons 🧅.
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