Des pommes bien brillantes et régulières, des biscuits parfaitement ronds, des pâtes exactement de la même forme : en déambulant dans un supermarché, on pourrait croire que le copier/coller existe dans la vraie vie ! Et pour cause, tous les aliments de notre quotidien sont soumis à des normes très strictes pour arriver jusque dans les rayons de la grande distribution. Et cela engendre 5% de pertes, rien que chez les producteurs ou fabricants de produits d’épicerie. On vous décrypte tout ça !
Grande distribution : pas de place à l’improvisation
Ce n’est un secret pour personne : pour pouvoir être mis en rayons, tous les produits présents dans nos supermarchés doivent respecter certaines conditions.
Il y a tout d’abord des normes générales, qui sont là pour assurer au consommateur que le produit respecte des critères comme la valeur nutritionnelle, la qualité gustative, les mentions obligatoires sur le packaging ou tout simplement les normes d’hygiène. Il faut l’admettre, c’est plutôt rassurant de savoir qu’on ne va pas s’empoisonner en achetant un paquet de pâtes.
Ensuite, chaque produit peut être soumis à des normes spécifiques. On parle souvent du calibrage des fruits et légumes, car il saute aux yeux. Jetez un œil aux rayons de votre supermarché : toutes les carottes ont la même taille, et toutes les pommes ont la même forme.
De nombreuses normes jugées trop poussées ont été supprimées, mais certains aliments disposent encore de normes spécifiques, définies dans le règlement délégué 2019/428. On vous donne quelques exemples ?
- Une pomme doit peser au minimum 90g ;
- Un kiwi doit peser au moins 62g ;
- L’espacement des grains de raisin sur la branche est contrôlé ;
- Le pédoncule des poires doit être intact ;
- Les tomates ne doivent pas avoir de crevasses ou de défauts de plus de 3 cm.
La majorité des fruits et légumes passent donc par des machines de tri pour être calibrés : trop petit, trop difforme, trop gros ? Direction la poubelle ! Certains ne sont d’ailleurs même pas récoltés, puisqu’ils sont supposés être invendables.
Les produits d’épicerie n’échappent pas non plus aux normes contraignantes. Pour pouvoir vendre les produits plus longtemps, la grande distribution impose généralement aux fabricants de fournir des produits avec des dates limites de consommation très poussées : jusqu’à plusieurs années pour certains produits en conserve par exemple.
La question des stocks est également primordiale : les producteurs doivent souvent disposer d’un certain niveau de stock de sécurité pour pouvoir répondre aux exigences de la grande distribution, et donc produire en conséquence.
Seulement, qu’est-ce qu’il se passe en cas de problème de vente ? Un surstock, des produits qui ne s’écoulent pas alors que la DLC ou la DDM se rapproche, les rendant alors difficiles à vendre à un autre distributeur, et donc un gaspillage alimentaire colossal à la fin !
Depuis le mois de janvier, la destruction d’invendus alimentaires est sanctionnée par la loi AGEC. Si cette loi est un grand pas en avant pour lutter contre le gaspillage alimentaire, elle met une pression en plus sur les distributeurs. Pour ne pas avoir à gérer les invendus et leur redistribution, les normes imposées aux fabricants risquent d’être de plus en plus strictes.
Le cahier des charges des fabricants : essentiel ou exagéré ?
Remettons les choses à plat : il n’est pas question ici de diaboliser la grande distribution ! Les fabricants imposent également des normes en interne pour entretenir une image de marque irréprochable auprès de leurs clients.
Il est courant que les producteurs établissent un cahier des charges très méticuleux, dans le but de fournir des produits de qualité et garantir la satisfaction des consommateurs.
Et il n’y a rien de mal à ça ! Cependant, certaines normes sont parfois trop poussées, et peuvent mener à un gaspillage de nombreux produits qui auraient pu être consommés sans problème.
Quelques exemples ? Le nombre de pépites de chocolat dans un cookie, la longueur d’un grain de riz ou encore la teinte d’une mayonnaise en bocal, la croustillance d’une biscotte… Les critères de qualité sont nombreux, et vont souvent bien au-delà des attentes des consommateurs.
Résultat, lorsque les produits ne respectent pas scrupuleusement le cahier des charges établi, ils ne sont tout simplement pas proposés à la vente pour ne pas « dégrader » l’image de la marque. Ces produits imparfaits peuvent parfois être donnés à des associations, ou être revalorisés pour l’alimentation animale, mais la plupart finissent malheureusement détruits directement.
Et c’est bien dommage parce que, soyons honnêtes, qui prend le temps de compter les pépites de chocolat dans son cookie avant de le dévorer ? Pas nous en tout cas ! 🙈
Et les consommateurs dans tout ça ?
Croyez-le ou non, mais nous avons également une part de responsabilité dans ces standards alimentaires de plus en plus stricts.
Qui n’a jamais fouillé le fond des rayons pour choisir un paquet de gâteaux dont la DDM était la plus lointaine possible, tout en sachant que ledit paquet de gâteaux ne passerait pas l’heure du goûter ? 🤭
Qui n’a jamais choisi une boite de conserve en parfait état, plutôt que sa voisine un peu cabossée ou à l’étiquette tachée ?
Tous ces choix qui nous semblent insignifiants font en réalité partie d’un système bien rodé et d’un schéma qui fonctionne depuis des années. Nous sommes habitués depuis toujours à ne voir que des produits parfaits dans les rayons de nos supermarchés, pourquoi choisirions-nous délibérément un fruit difforme ou un packaging abimé ?
Revoir nos habitudes de consommation est donc essentiel, car les normes fondées sur l’esthétisme des produits découlent en grande partie de nos choix au supermarché.
Heureusement, les choses changent ! La législation évolue, et les grandes surfaces proposent de plus en plus d’offres sur les produits d’épicerie imparfaits ou dont la DLC ou DDM est courte. Il reste encore du travail, mais vous pouvez compter sur nous pour faire bouger les normes et sauver les cookies qui ont trop de pépites de chocolat. 😉
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