16 milliards d’euros* : c’est la valeur commerciale que représente le gaspillage alimentaire chaque année. En plus d’être une aberration écologique, c’est donc également un désastre économique, tant pour les producteurs que pour les distributeurs, les collectivités ou encore les restaurateurs. Conscient de l’ampleur du problème, le gouvernement français a mis en place plusieurs lois pour réduire le gaspillage : voici un petit décryptage des règles en vigueur !
La France, pionnière dans la lutte contre le gaspillage alimentaire
Vous n’avez pas pu passer à côté de ces images montrant des containers de grandes surfaces remplis d’aliments couverts d’eau de Javel ou aux emballages lacérés pour les rendre irrécupérables (oui, nous aussi on a eu du mal à y croire la première fois 😪).
Face à l’absurdité de ces pratiques, l’État s’est emparé du sujet et a promulgué en 2016 l’une des premières lois au monde s’attaquant au gaspillage alimentaire : la loi Garot. Son principal objectif, et pas des moindres : réduire de moitié le gaspillage alimentaire et les pertes d’ici 2025 !
Dès lors, pour les inciter à mieux gérer leurs stocks, tous les distributeurs alimentaires, grandes surfaces et supermarchés de plus de 400 m2 ont eu l’interdiction de dégrader leurs invendus ou de les jeter.
À la place, ils ont eu pour obligation de mettre en place des partenariats avec une ou plusieurs associations d’aide alimentaire, et sensibiliser les consommateurs grâce à des promotions sur les produits se périmant prochainement par exemple.
En second plan, si le don n’est pas possible, les invendus alimentaires doivent être revalorisés pour l’alimentation animale ou méthanisés / compostés pour une revalorisation énergétique. La destruction pure et dure ne doit donc intervenir qu’en ultime recours !
Une preuve de bon sens nous direz-vous, mais il faut croire qu’une loi était nécessaire pour empêcher certains distributeurs de simplement jeter des produits encore consommables 🤔
Dès 2020, soit 4 ans plus tard, on a pu constater des effets positifs avec une augmentation des invendus redistribués, notamment grâce aux startup et associations se démenant pour organiser des collectes.
Notons que la loi Garot fait suite au Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire lancé en 2013, proposant 11 mesures pour sensibiliser et réduire la quantité d’aliments jetés chaque année par les acteurs du secteur de l’alimentation.
Les lois Egalim et Agec enfoncent le clou
Si la loi Garot a commencé à porter ses fruits, il fallait aller encore plus loin, car la grande distribution n’est responsable « que » de 14 % du gaspillage alimentaire en France (source : Ademe).
C’est dans cette optique que la loi Egalim a été promulguée en 2018 ! Dès 2019, les industriels agroalimentaires (avec un CA supérieur à 50 millions d’euros) et la restauration collective (uniquement pour celles distribuant plus de 3000 repas par jour) ont été inclus dans la convention interdisant de rendre les invendus impropres à la consommation.
Eh oui, on n’y pense pas toujours, mais les cantines d’entreprises et la restauration scolaire génèrent énormément de gaspillage alimentaire !
Si comme nous, vous n’avez pas d’excellents souvenirs gustatifs du self de votre collège, vous savez de quoi on parle. Des menus pas toujours appétissants, surtout pour les enfants, des aliments pas forcément de très bonne qualité ou encore des assiettes beaucoup trop remplies : il en faut peu pour que la poubelle ne déborde à la fin du service.
Dernière-née de l’engagement de la France contre le gaspillage alimentaire, la loi AGEC (loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) de 2020 instaure un label national « anti-gaspillage alimentaire » et revoit les objectifs à la hausse.
D’ici 2025, les grandes surfaces ainsi que la restauration collective devront réduire leurs pertes de 50 % par rapport à l’année 2015 (et non plus 2013) pour en bénéficier. Et autant dire que 2025, c’est demain ! Les restaurateurs et industriels, quant à eux, ont jusqu’à 2030 pour réduire drastiquement leurs pertes alimentaires. Enfin, les grossistes ont désormais l’obligation de faire don de leurs invendus à des associations.
Côté consommateurs, la loi AGEC vise également à changer les habitudes de consommation des Français en favorisant l’achat de produits alimentaires en vrac, ou en rendant le doggy bag obligatoire pour les restaurateurs par exemple.
Bilan : des progrès, mais peut mieux faire !
Certes, la France a été l’un des premiers pays au monde à légiférer sur le sujet du gaspillage alimentaire, mais nous sommes loin d’avoir éradiqué le problème. Même si la destruction d’invendus encore consommables est désormais punie d’une amende (pouvant atteindre 0,1 % du chiffre d’affaires de l’entreprise depuis la loi AGEC), peu de contrôles sont effectués en réalité.
Pour les grandes surfaces, la transition semble même difficile à mettre en place. On peut le dire : elles pédalent carrément dans la semoule. Si depuis 2016, elles sont vivement encouragées à redistribuer ou valoriser leurs invendus plutôt que de les jeter, dans les faits, on constate peu de changements.
Sur les réseaux sociaux, on trouve encore énormément de vidéos montrant les containers des supermarchés remplis de denrées encore consommables. Pour lutter contre le gaspillage et la surconsommation, des personnes appartenant au mouvement des freegans récupèrent d’ailleurs ces invendus et les redistribuent.
Bon, inutile de se mettre la rate au court-bouillon : vous n’êtes pas obligé d’aller jusque-là ! Pour sauver des produits de la poubelle sans sauter dedans, vous pouvez vous tourner par exemple vers Phenix ou TooGoodToGo, de super applications qui vous permettent de récupérer un panier de produits invendus chez de nombreuses enseignes, à tout petit prix.
Et pour en savoir plus sur les différents impacts du gaspillage alimentaire, et notre rôle à jouer en tant que particuliers, rendez-vous sur notre article dédié : on vous prévient, on a encore du pain sur la planche !
* Source : Ministère de la Transition écologique
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