Regardons autour de nous, le plastique est partout, il a colonisé notre environnement. Mais, il n’est pas venu tout seul. Des perturbateurs aux motivations douteuses l’accompagnent.
Dans cet article, Bene Bono et Nouvelle Empreinte mettent leur casquette de détectives pour vous plonger dans l’affaire sensible du moment : les perturbateurs endocriniens.
Les perturbateurs endocriniens, quèsaco ?
Comme leur nom l’indique, ils viennent perturber le système endocrinien. Ce dernier regroupe les organes qui sécrètent des hormones dans notre corps : thyroïde, ovaires, testicules…
Ces hormones agissent sur la croissance, le métabolisme, le développement cérébral ou encore la reproduction.
Les perturbateurs endocriniens, eux, sont des substances invisibles et inodores qui interfèrent avec nos hormones, pouvant ainsi altérer le fonctionnement de nos organes.
Notre suspect n°1 : le plastique.
Dans un rapport publié en 2019, le Center for International Environmental Law (CIEL) alerte sur l'impact sanitaire du plastique.
Le plastique se compose de matières premières fossiles telles que le pétrole et d’additifs chimiques afin de lui donner des caractéristiques dites pratiques : transparence, flexibilité, légèreté, protection UV, etc.
Parmi eux, le Bisphénol A (BPA), qui n'est pas un additif traditionnel mais plutôt un composant essentiel dans la fabrication de certains types de plastiques.
Il est souvent utilisé pour fabriquer :
- un type de plastique dur et transparent : bouteilles réutilisables, CD/DVD, lunettes de sécurité et certains équipements médicaux.
- la résine époxy : revêtements protecteurs à l'intérieur des boîtes de conserve et des conduites d'eau, ainsi que dans les adhésifs et les peintures.
Nos témoins dans cette enquête
Mais le BPA est pointé du doigt en raison de ses propriétés de perturbateur endocrinien. Des études ont suggéré que l'exposition au BPA pourrait être liée à divers problèmes de santé :
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Étude de Sarah A. Vogel (2009) : cette étude a montré que le BPA peut imiter l'œstrogène et interférer avec le système endocrinien humain, ce qui peut entraîner des problèmes de développement et de reproduction.
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Étude de Richter, C.A., et al. (2007) publiée dans Reproductive Toxicology : cette étude a examiné les effets du BPA sur le développement embryonnaire et la fertilité. Les résultats ont montré que l'exposition prénatale au BPA peut entraîner des anomalies de développement des organes reproducteurs et une diminution de la fertilité.
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Lang, I.A., et al. (2008) : cette étude a trouvé une corrélation statistiquement significative entre des concentrations plus élevées de BPA et des risques accrus de divers problèmes de santé.
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Alonso-Magdalena, P., et al. (2006) publiée dans Environmental Health Perspectives : cette étude a montré que l'exposition au BPA peut provoquer une résistance à l'insuline. Le BPA pourrait alors contribuer au développement du diabète de type 2 chez les humains .
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Prins, G.S., et al. (2011) publiée dans Reproductive Toxicology : cette étude a montré que l'exposition au BPA peut augmenter le risque de développer des cancers, en particulier des cancers hormonodépendants tels que le cancer du sein et de la prostate.
Suite à ces études, des mesures ont été prises de la part de nombreux pays pour réduire l'utilisation du BPA dans certains produits.
En France, la loi n° 2012-1442 du 24 décembre 2012 interdit le bisphénol A dans les contenants destinés à des enfants de moins de trois ans dont les biberons, les collerettes de tétines et les anneaux de dentition pour bébés. Ces interdictions ont ensuite été étendues au niveau européen. En 2015, l’interdiction s’est étendue à tous les contenants entrant directement en contact avec les denrées alimentaires.
Mais comment le BPA se retrouve-t-il dans notre corps ?
Ces additifs chimiques comme le BPA se retrouvent donc dans l’air, l’eau, les sols, les aliments sous forme de minuscules particules. C’est donc par le biais des fameux microplastiques que les perturbateurs endocriniens finissent dans notre corps.
Infiltration de microplastiques via l’ingestion :
- Aliments et boissons : les emballages plastiques (boîtes en plastique, films plastiques, bouteilles) peuvent libérer des substances chimiques comme le BPA dans les aliments, surtout lorsqu'ils sont chauffés.
- Poussière domestique : par exemple lors du repas ou par contact main-bouche, des particules de plastique peuvent pénétrer dans notre corps.
Infiltration de microplastiques via l’inhalation :
- Air intérieur : les particules de plastique peuvent être en suspension dans l'air intérieur, provenant d’objets comme les tapis, les vêtements en fibres synthétiques, et les meubles en plastique.
- Air extérieur : les microplastiques peuvent également être présents dans l'air extérieur, en particulier dans les zones urbaines et industrielles, mais aussi via l’usure des pneus ou même de nos semelles de baskets !
Infiltration de microplastiques via l'absorption cutanée :
Certains produits cosmétiques et de soins personnels contiennent des micro-billes de plastique. Bien que la peau constitue une barrière, des substances chimiques peuvent être absorbées à travers la peau si l’exposition est prolongée.
En France, la Loi pour la Biodiversité a interdit les micro-billes de plastique au sein des cosmétiques. On ne visait ici que les micro-plastiques “visibles” et solides, donc tous les autres polymères cosmétiques restent malheureusement autorisés en France comme ailleurs dans le monde.
“Détectives ! Nous comptons une autre victime et pas des moindres ! "
Cette victime ? La Nature avec un grand N. En effet, les perturbateurs endocriniens ont aussi un impact sur les écosystèmes.
Changements de sexe, baisse de la fertilité, diminution des défenses immunitaires ou encore malformations sont autant de conséquences observées chez les poissons, les reptiles et les oiseaux.
Ce phénomène de contamination n’est pas bien différent qu’avec le corps humain : pollution de l’eau, de l’air, des sols.
Fait divers ou élément d’enquête ?
En 1980, des pesticides ont été déversés accidentellement dans le lac Apopka, en Floride. La même année, un déclin spectaculaire de la population d'alligators de ce lac a été observé, dû à une forte mortalité des embryons. Par la suite, de nombreux alligators mâles présentaient des organes reproducteurs anormalement petits.
Les recherches montrèrent que le DDE (pesticide retrouvé dans le lac) se retrouvait à des niveaux 10 à 20 fois plus élevés dans le sang des alligators de ce lac que dans celui des animaux des lacs voisins et 100 fois plus dans les œufs. Ce fameux DDE a une action oestrogénique et anti-androgénique qui agirait en perturbant le système endocrinien des alligators jusqu’à conduire à leur féminisation.
Alors, comment s’en protéger ?
Apprenons à décrypter les étiquettes :
Mais ce triste constat témoigne surtout de notre dépendance aux produits en plastique dans presque tous les aspects de la vie moderne.
Pour réduire l'exposition, nous vous recommandons de :
- Éviter de chauffer des aliments dans des récipients en plastique.
- Limiter les emballages plastiques.
- Opter pour du réutilisable.
- Préférer des contenants alimentaires en verre ou en acier inoxydable.
- Consommer de l'eau filtrée.
- Sans oublier d’aérer régulièrement les espaces intérieurs pour réduire la concentration de particules en suspension.
Pour aller plus loin
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